LE MÉMORIAL DE SAINTE-HÉLÈNE – 1816/01/09+10+11.

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MOUVEMENT BONAPARTISTE

TOUT POUR ET PAR LE PEUPLE

« Pour l’Honneur de la France, pour les intérêts sacrés de l’Humanité »

(Napoléon le Grand, 17 ventôse an VIII – samedi 8 mars 1800)

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Mardi 9 janvier 1816

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L’EMPEREUR VIVEMENT CONTRARIÉ

NOUVELLES BROUILLERIES AVEC L’AMIRAL

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L’enceinte tracée autour de Longwood, où nous avons la liberté de nous promener, ne permet guère qu’une demi-heure de course à cheval ; ce qui a porté l’Empereur, pour agrandir l’espace ou gagner du temps, à descendre dans le fond des ravins par des chemins très mauvais et parfois dangereux.

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L’île n’ayant pas trente milles de tour, il eût été désirable que l’enceinte eût été portée à un mille des bords de la mer ; alors on eût pu se promener et varier même ses courses sur des espaces de quinze à dix-huit milles ; la surveillance n’eût été ni plus pénible ni moins effective en la plaçant sur les rives de la mer et les débouchées des vallées, en traçant même par des signaux tous les pas de l’Empereur. On nous avait fait observer, il est vrai, que l’Empereur était le maître de parcourir toute l’île sous l’escorte d’un officier anglais ; mais l’Empereur était décidé à ne sortir jamais, s’il devait se priver, durant sa promenade, d’être absolument à lui-même ou à l’intimité des siens. L’amiral, dans sa dernière entrevue avec l’Empereur, avait très délicatement arrêté et promis que lorsque l’Empereur voudrait sortir des limites, il en ferait prévenir le capitaine anglais de service à Longwood ; que celui-ci se rendrait au poste pour ouvrir le passage à l’Empereur, et qu’ensuite la surveillance serait faite, s’il en existait, de manière à ce que l’Empereur, durant le reste de sa promenade, soit qu’il entrât dans quelques maisons ou profitât de quelque beau site pour travailler, n’aperçut rien qui pût le distraire d’un moment de rêverie.

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D’après cela, l’Empereur se proposait ce matin de monter à cheval à sept heures ; il avait fait préparer un petit déjeuner et comptait aller dans la direction de Sandy-Bay, chercher une source d’eau, et profiter de quelques belles végétations, dont on est privé à Longwood, pour y passer la matinée et y travailler quelques heures.

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Nos chevaux étaient prêts ; au moment de monter j’ai été prévenir le capitaine anglais, qui, à mon grand étonnement, a déclaré que son projet était de se mêler avec nous, que l’Empereur ne pouvait trouver mauvais, après tout, qu’un officier ne jouât pas le rôle d’un domestique, en restant seul de l’arrière. J’ai répondu que l’Empereur approuverait sans doute ce sentiment, mais qu’il renoncerait dès l’instant à sa partie : « Vous devez trouver simple et sans vous en croire offensé, lui ai-je dit, qu’il répugne à la présence de celui qui le garde ». L’officier se montrait fort peiné et me disait que sa situation était des plus embarrassantes. « Nullement, lui ai-je observé, si vous n’exécutez que vos ordres. Nous ne vous demandons rien ; vous n’avez à vous justifier de rien ; il doit vous être aussi désirable qu’à nous de voir les limites poussées vers les bords de la mer ; vous seriez délivré d’un service pénible et peu digne ; le but qu’on se propose n’en serait pas moins bien rempli ; j’oserais vous dire qu’il le serait davantage : quand on veut garder quelqu’un, il faut garder la porte de sa chambre ou celle de son enceinte ; les portes intermédiaires ne sont plus que des peines sans efficacité : vous perdez de vue l’Empereur, tous les jours, quand il descend dans les ravins de l’enceinte, vous ne connaissez son existence que par son retour ; eh bien, faites-vous un mérite de cette concession qu’amène la force des choses, étendez-là jusqu’à un mille du rivage ; aussi bien vous pouvez le tracer sans cesse à l’aide de vos signaux, du haut de vos sommités ».

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Mais l’officier en revenait toujours à dire qu’il ne demandait ni regard ni parole de l’Empereur, qu’il serait avec nous comme s’il n’y était pas. Il ne pouvait comprendre et ne comprenait pas en effet que sa seule vue pût faire de mal à l’Empereur. Je lui ai dit que qu’il était une échelle pour la manière de sentir, et que la même mesure n’était pas celle de tout le monde. Il semblait croire que nous interprétions les sentimens de l’Empereur, et que, si les raisons qu’il me donnait lui étaient expliquées, il se rendrait ; il était tenté de lui écrire. Je l’assurai que pour ce qui lui était personnel, il n’en dirait jamais autant à l’Empereur que j’en pourrais dire moi-même ; que, du reste, j’allais de ce pas lui rendre mot à mot notre conversation. Je suis revenu bientôt lui confirmer ce que je lui avais dit d’avance : l’Empereur avait dès l’instant renoncé à sa partie.

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Voulant toutefois, pour mon compte, éviter tout malentendu qui aurait pu accroître les discussions toujours fâcheuses, je lui ai demandé s’il aurait quelque objection à me montrer le compte qu’il rendait à l’amiral. Il m’a dit qu’il n’en aurait aucune ; mais qu’il ne le lui rendrait que de vive voix. Résumant alors notre longue conversation en deux mots, je l’ai réduite à deux points bien positifs : lui, à m’avoir dit vouloir se joindre au groupe de l’Empereur ; moi, à lui avoir répondu que l’Empereur dès lors renonçait à sa partie, et ne sortirait pas des limites ; ce qui a été parfaitement agréé de nous deux.

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L’Empereur m’a fait appeler dans sa chambre ; dévorant en silence le contretemps qu’il venait d’éprouver, il se trouvait déjà déshabillé et en robe de chambre. Il m’a retenu à déjeuner, et a fait observer que le temps tournait à la pluie, que nous aurions eu un mauvais jour pour notre excursion ; mais c’était un faible adoucissement à la contrainte aiguë qui venait de troubler un plaisir innocent.

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Le fait est que l’officier avait reçu de nouveaux ordres ; mais l’Empereur n’avait eu l’idée de sa petite excursion que sur les promesses antérieures de l’amiral ; promesses pour lesquelles l’Empereur s’était plu à lui témoigner de la satisfaction. Ce changement, survenu sans en avoir rien fait dire, devait nécessairement être très sensible à l’Empereur ; on lui manquait de parole ou l’on avait voulu le rendre dupe. Ce tort de l’amiral est un de ceux qui ont le plus pesé sur le cœur de l’Empereur.

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L’Empereur a pris un bain et n’a point dîné avec nous. A neuf heures, il m’a fait appeler dans sa chambre ; il lisait Don Quichotte, ce qui nous a amenés à causer de la littérature espagnole, des traductions de Lesage, etc., etc. Il était fort triste et causait peu ; il m’a renvoyé au bout de trois quarts d’heure.

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Mercredi 10 janvier 1816

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CHAMBRE DE MARCHAND

LINGE, VÊTEMENTS DE L’EMPEREUR, MANTEAU DE MARENGO

ÉPERONS DE CHAMPAUBERT, ETC., ETC.

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Vers les quatre heures, l’Empereur m’a fait appeler dans sa chambre : il était habillé et en bottes ; il comptait monter à cheval ou se promener dans le jardin ; mais il pleuvait un peu. Nous avons marché et causé en attendant que le temps s’éclaircît. Il a ouvert la porte de sa chambre sur le cabinet topographique, afin d’allonger sa promenade de toute l’étendue de ce cabinet. En approchant du lit qui s’y trouve, il m’a demandé si j’y couchais toujours ; je lui ai répondu que j’avais cessé dès l’instant où j’avais su qu’il voulait sortir de bon matin. « Qu’importe, m’a-t-il dit, revenez-y ; je sortirai au besoin par ma porte de derrière ». Le salon s’est entr’ouvert, il y est entré ; MM. de Montholon et Gourgaud s’y trouvaient. On travaillait à établir un petit lustre assez joli et une petite glace sur la cheminée ; l’Empereur a fait redresser cette dernière qui penchait de quelques lignes sur un côté. Il s’est réjoui de cette amélioration dans l’ameublement du salon ; ce qui prouve combien tout est relatif ! Qu’eussent été ces objets à ses yeux, il y a si peu de temps encore, lui qui avait pour quarante millions de mobilier dans ses palais !

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Nous sommes rentrés dans le cabinet topographique, et la pluie continuant, il a renoncé à la promenade ; mais il regrettait que le grand-maréchal ne fût pas arrivé ; il se sentait aujourd’hui disposé au travail ; depuis quinze jours il l’avait interrompu. En attendant Bertrand, il cherchait à tuer le temps. « Allons chez Mme de Montholon, » m’a-t-il dit. Je l’y ai annoncé ; il s’y est assis, et nous avons causé d’ameublement et de ménage. Il s’est mis alors à faire l’inventaire de l’appartement pièce à pièce, et l’on est demeuré d’accord que le mobilier ne s’élevait guère au-delà de trente napoléons. Sortant de chez Mme de Montholon, il a couru de chambre en chambre, et s’est arrêté devant l’escalier qui, dans le corridor, conduit en haut chez les gens : c’est une espèce d’échelle de vaisseau fort rapide. « Voyons, dit-il, l’appartement de Marchand : on dit qu’il est comme une petite-maîtresse ». Nous avons grimpé ; Marchand s’y trouvait ; sa petite chambre est propre, il y a collé du papier qu’il a peint lui-même. Son lit n’était point garni ; Marchand ne couche point si loin de la porte de son maître ; à Briars, lui et les deux autres valets de chambre ont constamment couché par terre en travers de la porte de l’Empereur ; si bien que, quand j’en sortais tard, il me fallait leur marcher sur le corps. L’Empereur s’est fait ouvrir les armoires, elles n’ont présenté que son linge et ses habits ; le tout était fort peu considérable, et pourtant il s’étonnait encore d’être si riche.

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On y voyait son habit de Premier Consul, en velours rouge, brodé soie et or ; il lui avait été présenté par la ville de Lyon ; circonstance qui faisait sans doute qu’il se trouvait ici, son valet de chambre sachant qu’il l’affectionnait beaucoup, parce qu’il lui venait, disait-il, de sa chère ville de Lyon.

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On y voyait aussi le manteau de Marengo, manteau glorieux sur lequel ont été plus tard exposés religieusement les restes mortels de l’immortel vainqueur ; manteau qui figure aujourd’hui dans les objets spécialement légués par Napoléon à son fils.

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Après un léger inventaire, qui n’était pas sans prix pour moi : « Combien ai-je d’éperons ? a-t-il dit en se saisissant d’une paire. – Quatre paires, a répondu Marchand. – Y en a-t-il de plus distingués que les autres ? – Non, Sire. – Eh bien, j’en veux donner une à Las Cases. Ceux-ci sont-ils vieux ? – Oui, Sire, ils sont presque usés, ils ont servi Votre Majesté dans la campagne de Dresde et dans celle de Paris. – Tenez, mon cher, m’a-t-il dit en me les donnant, voilà pour vous ». J’aurais voulu qu’il me fût permis de les recevoir à genoux. Je recevais là quelque chose qui tenait réellement aux belles journées de Champaubert, Montmirail, Nangis, Montereau ! Au temps des Amadis, fut-il jamais de plus digne monument de chevalerie ! « Votre Majesté me fait chevalier, lui ai-je dit ; mais comment gagner ces éperons ? Je ne puis plus prétendre à aucun fait d’armes ; et quant à l’amour, au dévouement, à la fidélité, depuis longtemps, Sire, je n’ai plus rien à vous donner ».

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Cependant le grand maréchal ne venait pas, et l’Empereur voulait travailler. « Vous ne pouvez donc plus écrire, m’a-t-il dit, vos yeux sont tout-à-fait perdus ? » Depuis que nous étions ici j’avais interrompu tout travail, ma vue disparaissait, et j’en éprouvais une tristesse mortelle. « Oui, Sire, lui ai-je répondu, ils le sont tout-à-fait, et ma douleur est de les avoir perdus sur la campagne d’Italie, sans avoir le bonheur et la gloire de l’avoir faite ». Il a cherché à me consoler, en me disant qu’avec du repos ma vue se réparerait sans douté, ajoutant : « Ah ! que ne nous ont-ils laissé Planat ; ce bon jeune homme me serait aujourd’hui d’un grand service ». Et il a fait venir le général Gourgaud pour lui dicter.

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Jeudi 11 janvier 1816.

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AMIRAL TAYLOR, ETC.

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Après le déjeuner, vers midi et demi, me promenant devant la porte, j’ai vu arriver une nombreuse cavalcade, précédée du général-colonel du 53e, c’était l’amiral Taylor, arrivé la veille du Cap avec son escadre, et repartant le surlendemain pour l’Europe. Parmi ses capitaines était son fils, ayant un bras de moins ; il l’avait perdu à Trafalgar, où son père commandait le Tonnant.

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L’amiral Taylor était venu payer ses respects, me dit-il, à l’Empereur ; mais on venait de lui répondre qu’il était malade, et il en était cruellement désappointé. Je lui fis observer que le climat de Longwood était très défavorable à Napoléon. Je choisissais mal mon temps ; le ciel était très beau et le lieu déployait en ce moment toute l’illusion dont il pouvait être susceptible ; aussi l’amiral remarqua-t-il que le site était charmant ; mais à peine lui eus-je répondu d’un air triste et vrai : « Oui Monsieur l’amiral, aujourd’hui et pour vous qui n’y resterez qu’un quart d’heure », qu’il se confondait en excuses, me priant de lui pardonner son impertinente expression, disait-il. Je dois cette justice à toute la grâce qu’il témoigna en cet instant.

A propos Mouvement Bonapartiste

JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE 6 février 2010 1016 - * Déclaration à la préfecture de Meurthe-et-Moselle. MOUVEMENT BONAPARTISTE Objet : défendre, faire connaître et étendre les principes et valeurs du Bonapartisme. Il s’appuie sur l’adhésion populaire à une politique de redressement conjuguant les efforts des particuliers, associations et services de l’État. Le mouvement défend les principes bonapartistes sur lesquels il est fondé, et qui régissent son fonctionnement intérieur. Il défend également la mémoire de Napoléon le Grand, ainsi que celle de Napoléon III et de leurs fils, Napoléon II et Napoléon IV. Il reconnait Napoléon IV comme ayant régné sans avoir gouverné, en vertu du plébiscite de mai 1870. Le mouvement ne reconnait pas d’empereur après 1879, en vertu de l’absence de plébiscite. Républicain, il privilégie le bonheur, les intérêts et la gloire des peuples, et n’envisage de rétablissement de l’Empire que si les fondements en sont républicains et le régime approuvé par voie référendaire.
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