MOUVEMENT BONAPARTISTE
TOUT POUR ET PAR LE PEUPLE
« Pour l’Honneur de la France, pour les intérêts sacrés de l’Humanité »
(Napoléon le Grand, 17 ventôse an VIII – samedi 8 mars 1800)
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Vendredi 11 au lundi 14 août 1815.
DETAILS ET HABITUDES DE L’EMPEREUR A BORD
Nous faisions route pour traverser le golfe de Gascogne et doubler le cap Finistère. Le vent était favorable, mais faible ; la saison fort chaude ; nos journées des plus monotones. L’Empereur déjeunait dans sa chambre, à des heures irrégulières. Nous, les Français, déjeunions à dix heures, à notre manière, les Anglais avaient déjeuné à huit heures, à la leur.
L’Empereur, dans la matinée, appelait quelqu’un de nous tour à tour, pour connaître le journal du vaisseau, les lieues parcourues, l’état du vent, les nouvelles, etc., etc. Il lisait beaucoup, s’habillait vers quatre heures, et passait alors dans la salle commune, où il jouait aux échecs avec un de nous ; à cinq heures, l’amiral, venu de sa chambre quelques instants auparavant, lui disait qu’on était servi.
Tout le monde sait que l’Empereur n’était guère plus d’un quart d’heure à diner : ici, les deux services seulement tenaient d’une heure à une heure et demie ; c’était pour lui une des contrariétés les plus pénibles, bien qu’il n’en témoignât jamais rien ; sa figure, ses gestes, toute sa personne, étaient constamment impassibles. Cette cuisine nouvelle, la différence des mets, leur qualité, n’ont jamais obtenu de lui ni approbation ni rebut ; jamais il n’a exprimé ni désir ni contrariété ; il était servi par ses deux valets de chambre, placés derrière lui. Dans le principe, l’amiral voulait lui offrir de toutes choses ; mais il suffisait du simple remercîment de l’Empereur, et de la manière dont il fut exprimé, pour qu’il n’y revînt pas. Néanmoins l’amiral continua toujours à être très-attentif ; seulement ce n’était plus qu’aux valets de chambre qu’il indiquait ce qu’il pouvait y avoir de préférable ; ceux-ci s’en occupaient seuls ; l’Empereur y demeurait tout-à-fait étranger, ne voyant, ne cherchant, n’apercevant rien ; généralement gardant le silence, et demeurant au milieu de la conversation (bien que toujours en français, mais très-réservée) comme s’il ne l’eût pas entendue. S’il lui arrivait de rompre le silence, c’était pour faire quelques questions scientifiques ou techniques ou pour adresser quelques paroles à ceux que l’amiral invitait occasionnellement à dîner. J’étais alors, la plupart du temps, celui à qui l’Empereur adressait les questions pour que je les traduisisse.
On sait que les Anglais ont l’habitude de rester fort long-temps à table, après le dessert, pour boire et causer : l’Empereur déjà très fatigué par la longueur des services, n’eût pu supporter cet usage ; aussi et dès le premier jour, immédiatement après le café, il se leva, et alla sur le pont ; le grand-maréchal et moi nous le suivîmes. L’amiral en fut déconcerté ; il se permit de s’en exprimer légèrement avec les siens ; mais la comtesse Bertrand, dont l’anglais est la langue maternelle, reprit avec chaleur : « N’oubliez pas, monsieur l’amiral, que vous avez affaire à celui qui a été le maître du monde, et que les rois briguaient l’honneur d’être admis à sa table. – Cela est vrai », répondit l’amiral. Et cet officier, qui du reste a de la justesse dans l’esprit, une certaine convenance des manières, et parfois beaucoup de grâce, s’empressa de faciliter, dès ce moment, cet usage de l’Empereur : il hâta les services, et demandait, avant le temps, le café pour l’Empereur et ceux qui devaient sortir avec lui. Dès que l’Empereur avait achevé, il partait ; tout le monde se levait jusqu’à ce qu’il fut hors de la chambre ; le reste demeurait à boire plus d’une heure encore.
L’Empereur se promenait alors sur le pont jusqu’à la nuit avec le grand maréchal et moi ; ce qui devint une chose de tous les jours et consacrée.
L’Empereur rentrait ensuite dans le salon, et nous nous mettions à jouer au vingt-et-un. Il se retirait d’ordinaire au bout d’une demi-heure.
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