MOUVEMENT BONAPARTISTE
TOUT POUR ET PAR LE PEUPLE
« Pour l’Honneur de la France, pour les intérêts sacrés de l’Humanité »
(Napoléon le Grand, 17 ventôse an VIII – samedi 8 mars 1800)
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Samedi 5 août
Toute la journée du 5 se passa de a même manière. L’Empereur, à sa conversation habituelle du soir, me donna deux grandes marques de confiance ; je ne puis les livrer au papier*.
* Il en est une que je puis raconter aujourd’hui. A mon heure accoutumée, l’Empereur, se promenant avec moi dans la galerie du vaisseau, tire de dessous sa veste, tout en traitant un objet étranger à ce qu’il faisait, une espèce de ceinture qu’il me passa en disant : « Gardez-moi cela ». Sans l’interrompre davantage, je la replaçai de la même manière sous mon gilet. Il m’apprit plus tard que c’était un collier de 200,000 fr., que la reine Hortense l’avait forcé à de prendre à son départ de la Malmaison. Arrivé à Sainte-Hélène, je parlai plusieurs fois de rendre le collier, sans obtenir un mot de réponse ; m’y étant hasardé de nouveau à Longwood, il me dit assez sèchement : « Vous gêne-t-il ? – Non Sire. – Eh bien ! gardez-le ». Avec le temps, ce collier, toujours sur moi, ne me quittait jamais, s’identifia en quelque sorte avec ma personne, je n’y songeais plus ; tellement qu’arraché de Longwood, ce ne fut qu’au bout de plusieurs jours, et par le plus grand hasard, qu’il me revint à la pensée, et alors j’en frémis !… Quitter l’Empereur, et le priver d’une telle ressource ! Car comment le lui rendre désormais ? j’étais tenu au secret le plus rigoureux, entouré de geôliers et de sentinelles, nulles communications n’étaient praticables. Je m’évertuais en vain ; le temps courait ; il ne me restait que peu de jours, et rien n’eût égalé mon désespoir de partir de la sorte. Dans cette situation, je risquai le tout pour le tout : un Anglais, à qui j’avais parlé souvent, vint par circonstance particulière, et ce fut sous les yeux même du gouverneur et un de ses plus intimes affidés qu’il avait amené avec lui que je me hasardai.
« Je vous crois une belle âme, lui dis-je à la dérobée, je vais la mettre à l’épreuve… Rien du reste de nuisible ou de contraire à votre honneur … seulement un riche dépôt à restituer à Napoléon. Si vous l’acceptez, mon fils va le mettre dans votre poche… »
Pour toute réponse, il ralentit son pas ; mon fils nous suivait, je l’avais préparé, et le collier fut glissé presque à la vue des factionnaires. J’ai eu l’inexprimable satisfaction, avant de quitter l’île, de savoir qu’il avait atteint les mains de l’Empereur. De quelles douces sensations le cœur n’est-il pas remué par le souvenir et le récit d’un pareil trait de la part d’un ennemi et dans de telles circonstances !
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