MOUVEMENT BONAPARTISTE
TOUT POUR ET PAR LE PEUPLE
« Pour l’Honneur de la France, pour les intérêts sacrés de l’Humanité »
(Napoléon le Grand, 17 ventôse an VIII – samedi 8 mars 1800)
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Samedi 25 novembre 1815
TEMPERAMENT DE L’EMPEREUR
COURSES
SYSTEME DE MEDECINE
Napoléon était encore souffrant ; il avait passé une mauvaise nuit. Il m’a fait venir dîner près de son canapé, dont il ne sortait pas ; mais il était évidemment mieux. Après dîner, il a voulu lire ; il se trouvait sur son sofa au milieu d’un grand nombre de livres ; la rapidité de son imagination, la fatigue du même sujet, ou le dégoût de relire sans cesse ce qu’il sait déjà, lui faisaient prendre, jeter et reprendre encore tous ces livres les uns après les autres ; il finit par s’arrêter sur l’Iphigénie de Racine, faisant ressortir les perfections, indiquant et discutant le peu de défauts qu’on lui trouve, et il m’a renvoyé d’assez bonne heure.
L’Empereur, contre l’opinion commune, celle que j’avais entretenue moi-même, est loin d’avoir une forte constitution ; ses membres sont gros, mais sa fibre est très molle ; avec une poitrine fort large, il est toujours enrhumé ; son corps est soumis aux plus légères influences ; l’odeur de peinture suffit pour le rendre malade ; certains mets, la plus petite humidité, agissent immédiatement sur lui ; son corps est bien loin d’être de fer, ainsi qu’on l’a cru, c’est seulement son moral. On connaît ses prodigieuses fatigues au dehors, ses perpétuels travaux au-dedans ; jamais aucun souverain n’a égalé ses fatigues corporelles. Ce qu’on cite de plus fort est la course de Valladolid à Burgos, à franc-étrier (trente-cinq lieues d’Espagne en cinq heures et demie, plus de sept lieues à l’heure* 😉 Napoléon était parti avec une nombreuse suite, à cause du danger des guérillas : à chaque pas il resta du monde en route ; Napoléon arriva presque seul. On cite aussi la course de Vienne au Simmering (dix-huit ou vingt lieues), où il se rendit à cheval, déjeuna et revint aussitôt après. On lui a vu faire souvent des chasses de trente-huit lieues ; les moindres étaient de quinze. Un jour un officier russe, arrivant en courrier de Pétersbourg, en douze ou treize jours, joignit Napoléon à Fontainebleau, au départ de la chasse ; pour délassement, il eut la faveur d’être invité à suivre : il n’eut garde de refuser ; mais il tomba dans la forêt, et ce ne fut pas sans peine qu’on le retrouva.
J’ai vu l’Empereur, au Conseil d’Etat, traiter les affaires huit ou neuf heures de suite, et lever la séance avec les idées aussi nettes, la tête aussi fraîche qu’au commencement. Je l’ai vu lire à Sainte-Hélène, dix ou douze heures de suite, des sujets abstraits, sans en paraître nullement fatigué.
Il a supporté sans ébranlement les plus fortes secousses qu’un homme puisse éprouver ici-bas. A son retour de Moscou ou de Leipzig, après l’exposé du désastre au Conseil d’Etat, il dit : « On a répandu dans Paris que les cheveux m’en avaient blanchi ; mais vous voyez qu’il n’en est rien (montrant son front de la main), et j’espère que j’en saurais supporter bien d’autres ». Mais toutes ces prodigieuses épreuves ne se sont accomplies, pour ainsi dire, qu’en déception de son physique, qui ne se montre jamais moins susceptible que quand l’activité de l’esprit est plus grande.
Napoléon mange très irrégulièrement et en général fort peu. Il répète souvent qu’on peut souffrir de trop manger, jamais d’avoir mangé trop peu. Il est homme à rester vingt-quatre heures sans manger, seulement pour se donner de l’appétit le lendemain. Il boit bien moins encore ; un seul verre de vin de Madère ou de Champagne suffit pour réveiller ses forces ou lui donner de la gaieté. Il dort fort peu, et à des heures très irrégulières ; se relevant au premier réveil pour lire ou pour travailler, et se recouchant pour redormir encore.
L’Empereur ne croit pas à la médecine, il ne prend jamais aucun remède. Il s’est créé un traitement particulier : son grand secret avait été depuis long-temps, disait-il, de commettre un excès en sens opposé à son habitude présente ; c’est ce qu’il appelle rappeler l’équilibre de la nature : s’il était depuis quelque temps en repos, il faisait subitement une course de soixante milles, une chasse de tout un jour.
S’il se trouvait au contraire surpris au milieu de très grandes fatigues, il se condamnait à vingt-quatre heures de repos absolu. Cette secousse imprévue lui causait infailliblement une crise intérieure qui amenait aussitôt le résultat désiré ; cela, disait-il, ne lui avait jamais manqué.
L’Empereur a la lymphe trop épaisse, son sang circule difficilement. La nature l’a doué de deux avantages bien précieux, dit-il : l’un est de s’endormir dès qu’il a besoin de repose, à quelque heure ou en quelque lieu que ce soit ; l’autre, de ne pouvoir commettre d’excès nuisible dans son boire ou dans son manger : « Si je dépassais le moindrement mon tirant d’eau, disait-il, mon estomac rendrait aussitôt le surplus ». Il vomit très facilement, une simple toux d’irritation suffit pour lui faire rendre son dîner.
NOTE DE LAS CASES
*Ceci paraîtra incroyable ; moi-même, en relisant aujourd’hui mon manuscrit, je doute ; mais je ne peux oublier cependant que, lorsqu’il en fut question à Longwood, c’était à dîner ; ce devint l’objet d’une discussion assez longue, et je n’ai bien certainement écrit alors que ce qui demeura convenu. D’ailleurs il existe encore plusieurs de ceux qui l’accompagnaient ; on pourra vérifier.
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